Derrière la porte de la criée de l'Herbaudière

Au cœur de la nuit, alors que l’île est figée dans le sommeil, une lumière filtre derrière une porte à l’Herbaudière : la criée a ouvert à 4h30 aujourd’hui.

Il n’est habituellement pas permis de visiter ce lieu, mais Christian Cloutour, directeur de l’OPPAN nous sert de guide, et nous poussons la porte discrètement pour ne pas déranger.

De la nuit noire, nous entrons dans la lumière crue des néons réfléchie à l’infini dans cet univers mouillé.

Nous en prenons plein les yeux !
Ici on s’active autour de bacs rouge, remplis de toutes sortes de poissons argentés, bruns ou bleutés. Bars de ligne, soles, lieus jaunes, turbots et dorades côtoient araignées et homards hauts en couleur.

Peu de paroles échangées, dans la salle des ventes. C’est un ballet bien agencé, de caissons présentés en file indienne, de chiffres qui s’égrènent au fil des enchères, sous l’œil averti des acheteurs, le pouce en alerte sur leur télécommande.

Quittant sur la pointe des pieds ce mini « centre d’affaires », nous suivons le cheminement des bacs dans le grand hall. Là ils sont répertoriés, saupoudrés de paillettes de glace, empilés sur les chariots qui seront dirigés vers les camions pour Nantes, les Sables d’Olonne ou encore l’Espagne…  Les acheteurs locaux, eux, ont des « cases » sur place.

Du lundi au vendredi, les mareyeurs et poissonniers de la région ont rendez vous ici, entre 3h30 et 5h00 suivant la saison. On pratique les enchères descendantes, le preneur actionne son boîtier pour valider son achat, mais il y a aussi des clients à distance, ça fonctionne par Internet.

Au début du siècle, le port de l'Herbaudière est un port sardinier, et l'île compte 4 conserveries, qui absorbent presque la totalité de la pêche. Puis de moins en moins rentables, la dernière des usines ferme en 1965. L'activité perdure alors grâce au crabe et à l'araignée. En 1980 l'Organisation des Producteurs Pêcheurs Artisans de l'île de Noirmoutier créée une criée. Ce sera la première du genre dans le département.

Ce port est devenu aujourd'hui le 2ème port de Vendée.

On y compte 88 bateaux inscrits au quartier maritime de l’île de Noirmoutier, grossie par les navires de la côte qui souhaitent débarquer le produit de leur pêche à l'Herbaudière.

Sur l’île de Noirmoutier la pêche est principalement côtière : armement au filet, à la ligne ou au casier, et on compte 7 petits chalutiers. Il existe aussi quelques bateaux de 8 à 25 mètres, qui partent pour la semaine. Les équipages embarquent le matin entre 2h00 et 8h00, pour un retour en début d’après midi.

Aujourd'hui, la criée de l’Herbaudière enregistre 1800 tonnes d’apports de poissons par an, et elle est réputée pour la sole, et le bar de ligne.

Dès sa sortie d’eau, on estampille le bar pêché à la ligne. C'est un gage de qualité, avec un cahier des charges très précis, ça garantit l'origine du produit, sa fraîcheur ainsi qu'une technique de pêche "douce", préservant la saveur et l'aspect du poisson. Les chefs sont très demandeurs.

La sole, elle, représente la moitié du chiffre d'affaires. Ce qui place l'Herbaudière au 2eme rang des ports français, pour cette espèce.

La fraîcheur, la variété des poissons et crustacés apportés par les patrons-pêcheurs, font la notoriété de l’Herbaudière.

Et puis c’est du spectacle ! … C’est toujours un grand plaisir de trouver les quais pleins de curieux qui guettent notre retour !

En poussant la porte de la criée de l'Herbaudière, nous avons découvert la passion et le dévouement de ces personnes qui chaque matin travaillent dans l'ombre pour mettre en lumière ces produits d'exception. Une rencontre touchante et sincère qui nous donne envie de poursuivre notre balade à la découverte des secrets de l'île de Noirmoutier... Alors restez connectés !